« On m’a parlé, on m’a écouté, j’existe. Merci » lui a dit une dame au
cours d’une de ses nombreuses visites. Éléonore Demey, photographe,
se rendait régulièrement auprès de personnes atteintes de la maladie
d’Alzheimer ou de maladies apparentées, dans une unité de soins.
Elle avait choisi de s’y immerger pendant un an. Elle voulait réaliser de
beaux portraits de ces hommes et de ces femmes malades. Mais pour
cela il lui fallait prendre le temps de vivre avec eux, le temps d’« être »
avec eux. A force de patience et d’amour elle a compris que pour ces
naufragés de l’esprit la vie pouvait resurgir à tout moment, le temps
d’un regard, le temps d’un sourire.
C’est ce qui donne à ses portraits une présence si forte, une lumière si
pure.
Aujourd’hui ces photos sortent de l’hôpital pour aller à la rencontre du
grand public ; elles nous révèlent une vérité profonde : « soigner, c’est
reconnaître par le regard et la parole la souveraineté intacte de ceux
qui ont tout perdu », comme l’écrit Christian Bobin dans des textes réunis
dans La Présence pure.
Ces textes qui ont tous ce supplément d’âme et de lumière à quoi l’on
reconnaît le poète, ouvrent des clairières inespérées. Ils entrent ici
magnifiquement en résonance avec les photos d’Eléonore Demey.
Sensibiliser le grand public à cette terrible maladie dont on ne guérit
pas mais que l’on peut accompagner en donnant de la joie, c’est l’objectif
de ce livre. Un vrai débat de société.

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