Durant la Première Guerre mondiale, quatre millions de lettres arrivent chaque jour au front et deux millions en repartent : le lien entre les mobilisés et leurs familles. Entre le monde normal et celui de l’horreur. Ces 364 lettres écrites à sa jeune femme par Jean Labie, qui deviendra le plus jeune inspecteur des finances de France, sont un document exceptionnel.

Sur le plan humain, elles constituent un témoignage émouvant. Ce jeune homme (il n’a que 26 ans en 1914) doit faire face à un deuxième front. Sa jeune épouse supporte très mal leur séparation. On est impressionné par la maturité, la profonde humanité, la clairvoyance de cet homme.

Sur le plan littéraire, c’est un document rare par la qualité de l’écriture. C’est aussi un homme de très grande culture. Dès qu’il peut, il lit. Il dévore tout, les journaux français, la presse anglaise. Il relit les grands  classiques (Voltaire, Rousseau, Balzac, Stendhal…), sans pour autant délaisser les auteurs de son époque. Ses réflexions nous surprennent, là encore, par sa maturité.

Sur le plan militaire, ces lettres sont un document précieux sur le déroulement de la guerre au jour le jour. Ses descriptions de la vie au front sont courtes mais très précises, sans artifice. Les portraits de ses camarades sont vifs, sévères, parfois à l’emporte-pièce.